Par Freddy Mulongo, samedi 23 octobre 2010
Montreux en Suisse, ce samedi 23 octobre 2010, M.Bernard Kouchner, ministre Français des Affaires Etrangères en conversation avec Abdou Diouf, le patron de l'OIF
Le français doit retrouver ses lettres de noblesse. Comment donc ? Lorsqu'on sait que certains chefs d'Etats qui représentent les pays francophones s'expriment difficilement en Français qu'en langues maternelles africaines, Abdou Diof a du pain sur la planche!Que dire de tous ceux qui arrivent démocratiquement au pouvoir par les armes:kalachnikov aux poings et bottes verte de jardiner aux pieds ! La dictature monarchique qui s'installe paisiblement sur le continent n'émeuve personne, les élections frauduleuses non plus!
"Tous les ans, nous formons au français 12.000 à 13.000 fonctionnaires, notamment de pays d'Europe centrale et orientale. Ce que nous constatons, c'est que malgré cette formation, le français n'est pas plus utilisé au niveau de l'Union européenne", déplore-t-il.
"Si les quinze Etats à la fois membres de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) et membres de l'Union européenne --donc la majorité-- parlaient français, le français gagnerait ses lettres de noblesse en Europe. Mais ce n'est pas le cas", regrette-t-il, alors que la chef de la diplomatie de l'UE, la Britannique Catherine Ashton, a été critiquée dans le passé pour ne parler qu'anglais.
"L'anglais est dans le vent, c'est une sorte de solution de facilité. Malheureusement nous constatons que même des hauts fonctionnaires de nos pays membres se laissent aller à cette solution de facilité et ce n'est pas acceptable", juge Abdou Diouf.
Pourtant les pays membres de la Francophonie avaient signé en 2006 un vade-mecum dans lequel ils s'engageaient à parler français à chaque fois qu'il ne s'exprimaient pas dans leur langue nationale, rappelle le secrétaire général.
"Il faut oser parler français même si ce n'est pas dans le vent", dit-il.
D'un autre côté, assure le secrétaire général, "le français est demandé à travers le monde et nous n'avons même pas les moyens de répondre à la demande" de davantage de lycées ou centres culturels français.
Et ce alors que des défenseurs du français - politiques, diplomates ou universitaires - appellent régulièrement les pays francophones, au premier rang desquels la France, à investir plus d'argent dans l'éducation, les projets culturels et les médias.
Par ailleurs, le secrétaire général déplore l'absence de l'Algérie, "pays très francophone", qui n'est pas membre de l'OIF qu'elle perçoit comme une extension de la sphère d'influence de son ancienne puissance coloniale.
Abdou Diouf se déclare aussi favorable à l'entrée d'Israël mais reconnaît qu'"il y a des Etats qui ne sont pas d'accord".
Il justifie l'ouverture à des pays de moins en moins francophones: "Il y a des pays qui, sans avoir beaucoup de locuteurs francophones, sont très francophonophiles". Des pays comme les Emirats arabes unis et l'Estonie sont candidats comme observateurs à l'OIF.
Evoquant l'action de l'OIF en matière de défense de la démocratie et de l'état de droit dans l'espace francophone, il insiste sur l'assistance électorale et notamment la gestion du contentieux électoral.
Dans la gestion des conflits, Abdou Diouf veut promouvoir la prévention et l'"alerte précoce". "Il faut que nous ayons un système d'information fiable, que nous ayons une interaction entre les différentes organisations internationales", dit-il.
"Nous pouvons dire Attention, alerte mais est-ce que nous avons la force politique de dire à un chef d'Etat Halte là! ? Non.
Il faut que toute la communauté internationale solidaire puisse agir", ajoute-t-il.
Son rôle, Abdou Diouf le définit comme "une magistrature d'influence": "c'est le pouvoir de convaincre et non pas de contraindre, d'ailleurs je n'ai pas les moyens de contraindre".
Les 40 chefs d'Etat et de gouvernements et leurs conjoints, à Montreux pour le 13e sommet de la Francophonie, vont être choyés par la Suisse qui leur prépare une montre unique ainsi que des soins dans une prestigieuse clinique.
Rompant avec la tradition des sommets de la francophonie, les autorités helvétiques n'ont pas hésité à faire appel à des sponsors pour compléter leur budget de 30 millions de francs suisses devant financer la rencontre sous haute surveillance.
Si c'est une première pour la francophonie, le recours à des partenaires privés pour ce genre d'évènement est une pratique courante dans la Confédération helvétique, explique Johannes Matyassy, directeur général du 13e sommet.
"C'est quelque chose que l'on fait toujours, une collaboration considérée comme normale en Suisse", ajoute-t-il faisant valoir que Berne voulait rendre l'événement plus ouvert en associant non seulement la population mais aussi l'économie.
Parmi les entreprises qui ont répondu à l'appel, l'horloger Hublot a confectionné spécialement 80 montres pour le sommet. Ces pièces uniques seront offertes aux chefs d'Etat et de gouvernement ainsi qu'aux responsables des délégations logés au somptueux Montreux Palace.
La Suisse n'a pas oublié les conjoints pour lesquels elle a prévu un programme très chic, à l'image de la station huppée de la Riviera suisse appréciée des people. Croisière en bateau sur le Léman devant les terrasses de Lavaux, classées au patrimoine mondial de l'Unesco, déjeuner dans un hôtel centenaire de Vevey, et visites des vignobles.
Cerise sur le gâteau, les conjoints auront le droit à une visite de la très exclusive clinique La Prairie, avec soins. La clinique se veut discrète sur le programme proposé. Mais la marque est célèbre pour son traitement concocté en 1931 qui permet de ralentir le vieillissement du système immunitaire, grâce à des injections de cellules qui proviennent du foie de jeunes moutons, a expliqué, la responsable marketing de la marque familiale, Yael Bruigom.