Par Freddy Mulongo, lundi 25 octobre 2010
Montreux, dimanche 24 octobre 2010, Joseph kabila au Sommet de la Francophonie en Suisse.
Les Congolais discutent avec la police suisse qui demeure ferme: pas question de passer la barrière de sécurité.
Non loin de l’entrée du périmètre de sécurité, le ton monte. La police entoure un jeune Congolais en colère. Le jeune s’explique face aux forces de l’ordre: s’il ne le fait pas ici, où pourra-t-il exprimer sa colère contre Joseph Kabila, l’actuel président de la République démocratique du Congo, lui, le Congolais de Suisse? Un policier l’écoute attentivement, lui montre même de la compréhension, mais le prévient: d’autres actions pourraient l’amener au poste. Suivant attentivement la scène, un membre du PPRD, le parti au pouvoir au Congo est là, affichant une bonhomie de façade. Papy Mongengu est un Congolais de Genève. Lui et d’autres compatriotes ont demandé une autorisation de manifester, qui leur a été refusée. Six d’entre eux sont venus quand même à Montreux. Choqués que la Suisse accueille Joseph Kabila.
«Il y a des millions de victimes dans l’est du Congo. Notre sang part comme ça, cadeau!», dit le jeune manifestant.
«Et l’ONU ne veut pas parler de génocide. On ne comprend pas le silence de la communauté internationale, ça nous révolte. Comme on ne peut pas agir, on ne pouvait que venir à Montreux faire savoir à ces gens qu’on n’est pas d’accord.»
Face à la passivité mondiale, Papy et ses amis en sont venus à ce constat: il n’y a que les Congolais qui peuvent changer les choses. A Genève, ils veulent donc monter un collectif politico-culturel du nom de «S.O.S. Congo». «Au Congo, si j’exprimais mon désaccord face au gouvernement en place, je serais peut-être déjà mort. Ils faut donc que la diaspora s’exprime», constate Papy.
Quelques membres du collectif à venir, 'SOS Congo'.
Le fait que le prochain Sommet de la Francophonie aura lieu en 2012 à Kinshasa le choque.
«La France, c’est le pays de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Au Congo, il y a eu des millions de morts, des femmes et des enfants se font violer tous les jours. Pourquoi la France et la Francophonie légitiment-elles tout cela en allant faire leur Sommet là-bas? On interprète cela comme une façon d’encourager le régime en place.»
Tête-à-tête: Nicolas Sarkozy-Joseph Kabila, trop protocolaire, sans plus !
Ce sont les journalistes qui ont insisté pour que les deux présidents Nicolas Sarkozy et Joseph Kabila se donnent la main pour les immortaliser sur des photos. La salutation n'était ni naturelle encore moins amicale et affective mais protocolaire sans plus. Et l'entretien n'a duré plusieurs heures mais plutôt quelques minutes. Que les thuriféraires de l'AMP-Parti-Etat ne mentent pas à nos populations !
D'ici à ce que le Sommet de la Francophonie se tienne à Kinshasa, il y a 2011 qui sera l'année des élections présidentielles en République Démocratique du Congo. L'année de toutes les batailles mais aussi de tous les risques.
Déjà à Bruxelles, les Congolais ont déclarés:«Nous continuerons à manifester ici aussi longtemps que votre pays la Belgique, à travers des individus tels que Louis Michel, va continuer à s’ingérer dans la vie politique de notre pays le Congo en imposant aux Congolais des dirigeants choisis à Bruxelles». Les interventions alambiquées de Louis Michel "Big Loulou" en faveur de «Joseph Kabila» notamment en «prohibant» tout débat sur le parcours personnel du président sortant lors de l’élection présidentielle de 2006 est resté à la gorge de la majorité des Congolais. La «Congolité», une intervention de Louis Michel et sa bande congolaise, appuyé par les censeurs et bigorneaux de la fameuse Haute Autorité des Médias (HAM) pour mieux étouffer l'implantation de la vraie démocratie au Congo-Kinshasa.