9. Inspecteur général de la police nationale du Nigeria

 

Ogbonna Onovo,

 

 

Près d’une vingtaine d’exactions contre les journalistes pendant le premier trimestre en 2010 ; 58 en 2009. Beau record. Toutes ces violences ne sont pas le fait de la police, certes, mais une grande partie oui. Le Nigeria est un des pays les plus violents contre les journalistes et la police national, dirigée par Ogbonna Onovo, a sa part de responsabilité. Au Nigeria, les policiers jouissent d’une impunité totale, même quand les exactions sont très bien documentées. Les attaques peuvent survenir pendant des opérations policières quand les agents des forces de l’ordre, s’agaçant des témoins, s’en prennent aux journalistes venus faire leur travail de reportage. Menaces verbales, passages à tabac, perquisitions vexatoires, confiscations de matériel, etc. Pas de ligne de conduite politique, pas d’instrumentalisation par un pouvoir, non, juste une police bête et méchante qui fait son travail avec beaucoup de zèle. Derrière ces faits, un responsable : Ogbonna Onovo, inspecteur général de la police nationale, au faîte d’une belle carrière. Distinctions, honneurs, officier de l’Ordre du Niger, en l’occurrence pour ses « incroyables accomplissements ». Il peut maintenant se prévaloir d’une récompense de plus, celle de « prédateur de la presse » par Reporters sans frontières.

 

10. Milices islamistes armées - Somalie Al-Shabaab, Hizb-Al-Islam

 

Epuisée par vingt ans de guerre, la Somalie ne connaît décidément aucun répit. Les insurgés islamistes, dans le passé unis contre les troupes éthiopiennes et maintenant perdus dans les rivalités et les contradictions, n’ont fait qu’ajouter au chaos en menant, depuis 2009, une guerre de harcèlement contre le fragile gouvernement de transition. Porteurs d’un islam rigoriste, ils interdisent le cinéma, les jeux vidéo et la musique sur les stations de radio. Parmi eux, Al-Shabaab (« la jeunesse ») émerge comme le groupe le plus important et le plus structuré. Il mène une campagne de terreur et d’assassinats ciblés visant les membres les plus éminents de la société civile, coupables de servir les intérêts des "Croisés", les Occidentaux. Des dizaines d’enseignants, d’universitaires, d’hommes politiques ont été tués. Des journalistes également, qui sont par nature des ennemis. En 2009, neuf d’entre eux ont été victimes du conflit ou directement pris pour cibles par les milices, toutes factions confondues. En l’espace de quelques mois, Radio Shabellea payé un lourd tribut perdant son directeur, Mukhtar Mohamed Hirabe, et trois journalistes. D’autres membres de la rédaction ont préféré fuir le pays. Al-Shabaab contrôle une grande partie du territoire, possède ses propres prisons, procède à des arrestations et exécute des peines. Il impose des directives aux journalistes pour couvrir l’actualité. En mai 2008, le groupe a tenté d’assassiner Bisharo Mohammed Waeys, dernière femme à exercer publiquement le métier de journaliste au Puntland, indépendante et ne portant pas le voile. Tout un symbole.