Nous sommes plusieurs à Réveil-FM à être halluciné par l'ampleur de la polémique sur les vuvuzelas. Partout ce sont des plaintes, elles empêcheraient les joueurs de communiquer, elles ne permettent
pas de bien entendre les retransmissions télévisées. Bref, elles gênent. Certains ont même demandé leur interdiction. Sepp Blatter, le président de la FIFA a bien réagi en disant qu'il n'en n'était
pas question car elle correspondent à une coutume locale.
Une supportrice espagnole manie le vuvuzela avant le premier match de l'Espagne contre le Suisse mercredi.
Ce débat surréaliste montre la versatilité des réactions. Il y a quelques semaines, avant le coup d'envoi du mondial, on craignait que les stades soient désertés et que le public sud-africain
n'ait pas les moyens d'y venir. Or, les stades sont bien remplis et si ces vuvuzelas font autant de bruit, c'est bien parce que le public local est au rendez-vous.
C'est également le signe d'un certain européocentrisme.
Demander que l'on baisse le son ou que l'on interdise les vuvuzelas c'est un peu demander à ce que la Coupe du monde puisse avoir lieu en Afrique du Sud à condition qu'elle soit organisée
complètement à l'européenne.
Ne va-t-on pas bientôt demander de cacher les townships ? N'y a-t-il pas une forme d'arrogance de vouloir définir ce qui est acceptable et ce qui ne l'est pas dans les traditions d'un pays qui
reçoit chez lui ?
C'est un peu « les sud-africains ils sont bien sympas mais ce serait mieux s'ils évitaient de faire du bruit ».
Les vuvuzelas font partie de la tradition et du folklore sud-africain, elle donne une touche d'authenticité. Elles me sont sympathiques car elles viennent apporter du bruit aux multiples
couleurs du stade. Chaque public a sa forme particulière de soutenir une équipe. Rien n'est pire qu'un stade sans bruit. La vuvuzela c'est au contraire un enthousiasme collectif permanent et il
faut du souffle pour maintenir un tel son pendant tout un match.
Espérons que ce débat douteux s'achève vite. Et nous sommes convaincu qu'à la fin du mondial c'est avec une tendre nostalgie qu'on parlera des vuvuzelas.
Les vendeurs de vuvuzelas en Europe sont submergés de commandes. La trompette, popularisée par la Coupe du monde de football, séduit même les syndicats français. Les manifestations contre les
retraites pourraient être plus bruyantes qu'à l'accoutumée. Ces derniers jours, des syndicats français ont passé des commandes de vuvuzelas, les assourdissantes trompettes en plastique
popularisées par la Coupe du monde, vendues autour d'une dizaine d'euros. «Pour leurs commandes groupées, ces syndicalistes ont exigé une livraison rapide» en prévision de la journée
intersyndicale de mobilisation le 24 juin, a précisé mercredi à Reuters José Pecci, dont la société importe des vuvuzelas en France. Les forces de l'ordre en ont aussi acheté, «pour faire des
tests» avant la manifestation.
CRS et manifestants ne sont pas les seuls à s'intéresser aux vuvuzelas. Le distributeur français, qui ne pourra expédier ses commandes qu'à partir du 21 juin, enregistre «plusieurs milliers de
commandes par jour», de supporteurs de clubs sportifs, de chorales et «de tas de gens qui ont en commun de vouloir mieux se faire entendre», précise José Pecci. En Grande-Bretagne, la tendance
est la même. La chaîne de supermarchés Sainsbury en a vendu 50.000 et prévoit d'écouler son stock de 70.000 dans les 48 heures. Une société allemande, qui a acquis les droits de production pour
l'Europe des modèles d'origine, pense en fabriquer «plusieurs millions» et en vendre 90% dans son pays, malgré leur interdiction durant les retransmissions en public.
Une application pour iPhone
Le souffle des vuvuzelas touche aussi les sonneries et les applications pour téléphones portables, plus faciles à transporter mais pas moins bruyantes. En quelques jours, l'application
«Vuvuzela 2010» pour iPhone a été téléchargée plus d'un million de fois et domine le classement français. Gratuite, elle reproduit le son de l'instrument jusqu'à 90 décibels, contre environ 130
décibels pour les véritables modèles d'Afrique du Sud. Une autre application, plus complète mais payante (79 centimes), affiche les couleurs des drapeaux des équipes sélectionnées et se
déclenche d'un souffle dans le micro du téléphone. Des applications équivalentes existent pour les téléphones Android.
En parallèle, les techniques anti-vuvuzelas connaissent un engouement comparable. Au Cap, les «vuvu-stop», des bouchons d'oreille protégeant du bruit, étaient en rupture de stock ce week-end, a
rapporté l'AFP. Sur Internet, des bidouilles assez techniques, censées filtrer les fréquences importunes, apparaissent. Ceux qui ne désirent s'aventurer dans les réglages de leurs téléviseurs
et de leurs ordinateurs peuvent aussi télécharger un fichier MP3, vendu 2,95 dollars, censé masquer le ronronnement désagréable. Ou compter sur les filtres mis en place par les chaînes : Canal+
a promis mercredi de diffuser les rencontres «dans des conditions d'écoute optimum». Quant aux plus remontés, ils pourront toujours signer la pétition en ligne et arborer le t-shirt «stop
vuvuzela».